
Source : So Foot
MasculinsRémi Garde, gone idéal
Enfant du Rhône, puis pur produit de la formation lyonnaise, Rémi Garde aura su briller par son talent, son exemplarité et son amour d’une culture et d’une identité. Son exigence et sa bienveillance en font une figure marquante de l’histoire de l’Olympique Lyonnais qu’il convient de ne jamais oublier.
Rémi Garde a vu le jour le 3 avril 1966, du côté de L’Arbresle, non loin de la capitale des Gaules. Le football, il est tombé dedans quand il était petit, lui qui est issu d’une famille de supporters lyonnais résistant à la popularité croissante du voisin stéphanois au cours des années 1970. Le jeune Rémi était donc prédestiné à franchir la porte du club olympien, ce qu’il fera en entrant au centre de formation alors qu’il n’est qu’adolescent. En difficulté et plongé dans les méandres de la Deuxième division, l’OL frôle le dépôt de bilan et est sauvé par un jeune entrepreneur : Jean-Michel Aulas. Accompagné de Bernard Lacombe et de Raymond Domenech, JMA instille une nouvelle dynamique avec son projet « OL Europe » dont la formation est la principale fondation.
C’est dans ce contexte que Garde s’installe dans l’effectif rhodanien, jusqu’à en devenir un élément incontournable. Lors de la saison 1988-1989, le milieu de terrain dispute ainsi 31 matchs, inscrit 6 buts et participe grandement au retour de l’OL parmi l’élite. En compagnie des deux Bruno, Genesio et N’Gotty, il symbolise une nouvelle génération de joueurs formés au club, qui découvre même la coupe d’Europe dès 1991. Rémi Garde est d’ailleurs le premier buteur européen de l’ère Jean-Michel Aulas, face aux modestes suédois d’Östers Växjö. « Rémi Garde qui marque le premier but européen de cet OL nouvelle génération, c’est un vrai symbole » confie le portier Gilles Rousset après la rencontre.
Après plusieurs saisons disputées en tant que capitaine et favori des supporters, l’un des nombreux numéros 14 emblématiques de l’OL (et Mouhamadou Dabo n’en fait pas partie), quitte l’OL et rejoint le Racing Club de Strasbourg afin d’y écrire une nouvelle page de sa carrière. Trois saisons au sein du club alsacien plus tard, Rémi Garde traverse la Manche et débarque à Londres, chez les Gunners d’un certain Arsène Wenger. Si les blessures et autres pépins l’empêchent d’enchaîner des saisons pleines, il contribue au doublé FA Cup/Premier League de 1998 et devient même le premier capitaine étranger du club londonien. En 1999, il met un terme à sa riche carrière qui l’aura vu revêtir à 6 reprises le maillot bleu et être sélectionné par Michel Platini pour disputer l’Euro 1992 en Suède.
Dès 2003, la cité gallo-romaine lui manquant trop, il décide de revenir entre Rhône et Saône et intègre le staff technique du Breton Paul Le Guen. Il assiste donc, de l’intérieur, à la période dorée de son club formateur en apprenant aux côtés de techniciens chevronnés, tels que Gérard Houllier. À l’aube d’une nouvelle décennie, l’OL lui offre un poste à la hauteur de ses compétences et il devient le directeur du si prestigieux centre de formation lyonnais. De 2010 à juin 2011, il côtoie ainsi joueurs et éducateurs, et poursuit une ascension régulière qui le voit, sans surprise, endosser rapidement un costume que beaucoup estimaient taillé pour lui depuis un certain temps déjà. Leader de cet OL retrouvé, il saura fédérer malgré des résultats mitigés. Entre reconnaissance et fierté, l’amour qui lui a été porté témoigne de l’attachement d’une communauté à son identité, reniée pendant pratiquement trois années.
Profondément marqué par la formation à la lyonnaise et ses valeurs, inculquées par des éducateurs tels que José Broissart, Rémi Garde a toujours vanté les mérites d’un football offensif et plaisant fait de possession et de mouvements collectifs léchés et coordonnés. En tant que joueur, il a eu la chance inestimable d’évoluer sous les ordres d’Arsène Wenger, réputé pour proposer avec Arsenal l’un des jeux les plus agréables de Premier League, voire d’Europe, pendant deux décennies. Dans un hors-série du Progrès en date de 2012, l'ex-manager de Montréal se remémorait l’Alsacien comme celui « dont le caractère réservé » était « le plus proche du (sien) », avant d’avouer avoir été « marqué par sa capacité d’analyse extrêmement rapide ». Mais outre l’ancien technicien de l’AS Monaco, c’est Raymond Domenech qui a façonné le footballeur natif de l’Arbresle. Dans les lignes de Champions, celui qui était à l’époque adjoint de Gérard Houllier faisait l’éloge des qualités de meneur et de formateur du coach qui l’a lancé en pro et qui a ramené l’OL sur le devant de la scène.
Garde « aime les gens altruistes » et fait du collectif et des relations humaines une priorité. Des principes extrêmement importants dans les premières années du footballeur et indispensables pour n’importe quel formateur. Ces valeurs, conjuguées à celles de l’exigence et du dépassement de soi, semblent qualifier le personnage de José Broissart, premier mentor de Garde, et ce pendant pas moins de cinq années. Il convient, qui plus est, de souligner l’influence de Gilbert Gress, ainsi que des années « titres » de l’OL au cours desquelles le si réputé 4-3-3 a marqué une génération de suiveurs et de supporters, grâce, en grande partie, à l’association létale de Juninho, Mahamadou Diarra et Michael Essien, dont le départ commenté vers Stamford Bridge a été compensé par la signature du brillant Tiago (Mendes), quasi homonyme d’un Brésilien loin d’en être la copie conforme.
Allégorie de l’exemplarité, symbole d’un club et d’une ville, Rémi Garde est l’une de ces figures modèles auxquelles le Lyonnais aime s’attacher. Une reconnaissance mutuelle et un respect éternel : c’est ça, Garde et l’OL.
Par Maël VADON
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