
Source : Damien LG - OL
MasculinsOL - PSG : à jouer petitement, on perd bassement
Lendemain difficile pour les supporters lyonnais. Après la défaite de Lille à Nîmes en début de soirée qui permettait de rêver du sommet, les Gones s’inclinent face au PSG sur un score finalement moins lourd que ce que le match transcrit (2-4). S’il n’est pas une honte de s’incliner face à une équipe qui a réussi son match, la manière interroge, tant les Lyonnais n’ont jamais semblé en mesure de faire le poids. Décryptage tactique d'un match raté comme rarement.
Tout avait pourtant l’air de si bien commencer, avec une équipe positionnée en bloc haut, portée par le pressing de Depay accompagné de Caqueret ou Paqueta pour harceler la relance parisienne et boucher les solutions disponibles. Tout cela n’a duré qu’un quart d’heure, avant que les failles de la tactique lyonnaise ne s’exposent de manière dramatique. Ainsi, le milieu à trois, signature de la saison olympienne, perdait constamment sa forme : les profils de « chasseurs » de Caqueret et Paqueta ont fait rapidement perdre à l’organisation lyonnaise sa structure, abandonnant toute compacité pour laisser des trous béants dans l’axe. Face à ces espaces, le quatuor offensif parisien s’en donnait à cœur joie, usant de ses profils polyvalents : Kean ou Verratti occupaient ainsi continuellement la largeur pour venir prendre les espaces libres, et servir les courses croisées de Di Maria et Mbappé, qui se régalaient du manque de vitesse de la défense rhodanienne.Vite forcés à reculer pour combler les espaces laissés dans l’axe, les milieux n’ont plus su aller chercher haut. On vit ainsi Marquinhos avec énormément de liberté pour relancer, ce qui n’est jamais bon signe, accompagné souvent de l’un des deux milieux récupérateurs, l’autre servant de leurre. Avec un milieu composé de deux joueurs pas réputés pour leur qualité de relance, le PSG n’avait qu’à sauter une ligne, précisément celle occupée par le pressing lyonnais : quand Danilo Pereira ressemble à Patrick Vieira, quelque chose a forcément manqué.
Une belle illustration de ce qu’aurait été un Final 8 raté
Alors, face à la lenteur terrible de son axe central, et à la faiblesse de ses latéraux pour défendre le un contre un (voire souvent le deux contre un), Rudi Garcia sortait sa botte secrète : tout le monde à plat pour défendre la largeur. Se formait alors une délicieuse ligne de six voire sept devant Lopes, rappelant les grandes heures d’un Atlético sans talent : ne plus rien proposer, mais ne pas bien défendre non plus. Vraiment une surprise ? Non, l’OL avait déjà joué les gagne-petit à Rennes, ou à Marseille, s’obstinant à ne pas presser face à des équipes qui ne savaient pas quoi faire du ballon. Or, ce soir, le PSG était en forme, et l’OL l’a payé cash. Se sentant couler dans l’axe, Garcia a resserré tout le monde, pour mieux ouvrir les côtés, où Diallo et Florenzi se sont régalés de leurs duels face à Toko Ekambi et Kadewere. Cornet et De Sciglio apportaient du soutien dans l’axe sans vraiment plus servir à grand-chose, dans une sorte de position d’entre deux : Kean, Di Maria, et surtout Mbappé se régalaient dans le demi-espace. On assistait alors à des situations assez surprenantes, où l’OL en bloc bas était pris dans son dos, non plus sur quarante mètres, mais dans ses dix derniers mètres.
On eut l’impression de tomber dans une copie ratée du Final 8 qui avait tant réussi à l’OL, avec cette ligne défensive renforcée. Mais plusieurs points saillants expliquent la différence entre les performances de l’été et celle d’hier soir. D’abord, et on vient de le dire, parce que l’OL ne défendait pas aussi bien sa surface, et laissait les espaces qu’il comblait cet été. Aussi, parce que le milieu se noyait complètement, le seul Caqueret surnageant un peu. C’est une sorte de marotte ici, mais un Mendes sans espace n’est pas pertinent, et souffre d’énormes lacunes pour sortir de la pression, d’autant plus quand il vient s’insérer parmi les centraux. Enfin, Paqueta voulut tout prendre sur ses épaules, multipliant les couvertures de balle excessives, quand la logique aurait souhaité que l’équipe se projette vite. Ceux qui se réjouissaient de la blessure d’un Aouar en méforme purent réaliser à quel point le Final 8 lui devait beaucoup, tant aucun joueur de l’effectif ne sait sortir de la pression comme lui.
Une attaque anesthésiée : l’usure jusqu’à la corde du trio KTM
Que faire alors pour attaquer ? Les Lyonnais se sont vite retrouvés avec près de quatre-vingts mètres à remonter pour porter le danger sur la cage de Navas. Si Memphis est conspué dans beaucoup d’analyses (une improbable note de 2 dans l’Equipe), il fut surement le seul à proposer, par sa qualité de dribble, de conservation, et d’orientation. Seulement, il était bien cerné par une charnière propre à lui proposer un vrai défi physique, suppléée par les renforts de Gueye et Danilo : difficile d’exister dans le duel aérien face à un trio Danilo-Marquinhos-Kimpembe. On ne sut pas trop en quoi consistait la prestation de Kadewere, qui commence à afficher des limites sur une période très (trop ?) conséquente. Il n’est pas un mauvais joueur, mais il est clairement de ceux qui ne peuvent pas redresser le bateau quand il chavire. A l’opposé, Karl Toko-Ekambi poursuivit l’analogie avec le Final 8 en multipliant les imprécisions techniques. Les deux ailiers lyonnais furent également de ceux qui interrogèrent le plus dans l’attitude, tant il fut irritant pour les supporters de l’OL de les voir marcher à la perte de balle ou s’enfermer dans des solutions qui n’en étaient pas.
S’il faut poser ce constat sur les individualités, il semble que le manque de qualité devant puisse être en grande partie imputable à un coach qui ne sut pas varier. Kadewere a des limites, mais il vit sa première saison en Ligue 1, et il ne paraissait pas infamant de remettre en cause son statut pour apporter des alternatives à son profil qui était à court de solutions. Ce n’est pas aider des joueurs que de les maintenir semaine après semaine dans des performances moyennes tout au plus, et un trio qui a réussi hier n’est pas forcément un trio qui réussira demain. Les entrées de Slimani et Cherki firent beaucoup de bien, pour retrouver une qualité technique, mais quel dommage que Memphis soit sorti si tôt. Avec Slimani pour densifier l’axe et offrir une deuxième solution en pivot, et Cherki pour prendre une partie de la construction sur ses épaules, nul doute que le capitaine lyonnais aurait pu apporter des solutions, notamment dans le dernier geste. Le passage de Maxwel Cornet devant fut à souligner, et par moment surprenant, tant le temps nous avait fait oublier qu'il était d'abord destiné à faire carrière au poste d'avant-centre.
Face à des joueurs qui posent question dans l’attitude et leur capacité à performer sur la durée, Rudi Garcia ne sut jamais trouver les solutions, et pire encore, il sembla précipiter la chute des siens. A grands coups de bloc bas et de changements surprenants, le coach de l’OL rappela que, hormis la parenthèse d’un été doré, il trouve en l’opposition face aux « grosses équipes » son véritable point faible : équipe à réaction cet été, l’OL n’a jamais vraiment démarré hier. Puisque aucune équipe ne semble vouloir ce titre, on ne peut pas aujourd’hui tirer un trait définitif sur une liesse estivale Place des Terreaux. Mais il va falloir que l’OL se redresse, vite, sans quoi la tradition du sprint final entre Rhône et Saône pourrait n’être qu’une chimère agitée pour cacher les problèmes profonds qui touchent cette équipe.
Par Titouan BOULANGER
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